C’est un livre à lire deux fois tant on aimerait profiter dans l’instant de chaque phrase. Livre surprenant, dense, un peu affolant, sans paragraphe dont le fil conducteur est le temps qui suit une famille juive, des parents, une sœur, deux frères…mais aussi des amis et des neveux. Yasmina Reza, c’est un style très personnel, une écriture faite de mots parfois crus, parfois choisis, des phrases qui interpellent. Mais, nous avions Israël ! Sachez qu’il n’y a pas plus honteux qu’un juif honteux. Les cinquante premières pages sont consacrées à la présentation de la famille Popper. Edgar le père très en conflit avec Serge, le fils aîné dont on apprend entre autre originalité que sa destinée est gouvernée par les nombres ! Une mère originale, admiratrice de Vladimir Poutine. Ce récit fait à la première personne du singulier a pour auteur Jean, l’autre frère, et c’est de Joséphine, la fille de Nana que naît l’idée d’aller è Auschwitz, après l’incinération de la grand-mère Marta. Drôle d’idée pour une juive de se faire incinérer ! A partir de ce moment-là, changement de style de l’auteur. D’un style critique et plein d’humour, on passe à un style narratif d’un évènement terrible décrivant l’état d’esprit de chacun et l’attitude pour le moins originale et complexe de Serge. De la lecture de ce roman, je retiens en guise de conclusion la phrase suivante : ils avaient connu le sort funeste d’un peuple dont nous portions l’héritage et dans un monde ivre du mot mémoire il paraissait déshonorable de s’en laver les mains.
© F-M Pailler26/06/21