C’est plus le nom de l’auteur que le titre qui a motivé ma lecture. Je connaissais déjà « Profession du père » et les interrogations de Sorj Chalandon sur sa proximité paternelle. Bien qu’éloigné de Lyon, où j’avais vécu pendant vingt ans, lors du procès de Klaus Barbie, j’avais lu la presse et la narration de la rafle des enfants de la Maison d’Izieu m’était insupportable.Je partageais donc le ressenti de Sorj Chalandon qui devait en plus assumer les doutes qu’il avait sur la conduite de son père pendant la deuxième guerre mondiale ; pour lui, le crime de Klaus Barbie ne serait jamais que le crime de Klaus Barbie, mais aussi peut-être celui de son père. Pour comprendre, il fallait que son père accepte de lui apprendre, de lui expliquer. Car, comment interpréter les attendus du jugement de la Cour de justice de Lille :« Étant français, le prévenu va s’entendre exposer qu’il est accusé de s’être, en France en 1942, rendu coupable de trahison en portant les armes contre la France et ses alliés en guerre contre l’Allemagne, après avoir souscrit un engagement dans la légion tricolore, dans le but de favoriser les entreprises de toute nature avec l’ennemi ». Ce que son grand-père lui avait dit de ce charlatan de père qui n’avait jamais accepté de parler et qui faisait de lui "un enfant de salaud" était donc bien vrai. Je dois confesser que la lecture de ce livre n’est pas facile et que je l’ai entrecoupée de celle d’un autre livre « La Mer et au-delà » de Yann Queffélec qui m’apportait l’idéal des enfants, celui de voir la mer, l’odeur des embruns qui me manque mais surtout la vérité des marins qui, eux, au large face à l’adversité, ne peuvent pas se mentir.
© F-M Pailler30/11/21