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Ecriture

L’automne de la vie

Jour de Toussaint

Ce matin, je suis seul au cimetière où
un timide soleil ajoute au mystère
de toutes ces tombes où survivent des sous-terriens
partis, jamais revenus mais qui n’avaient peur de rien.
À nous le souvenir, à eux l’immortalité;
1914, ils étaient tous partis à la guerre
laissant derrière eux, femmes, enfants et leurs terres
on leur avait dit vous verrez, ça ne durera pas longtemps
et vous serez revenus bien avant les bourgeons du printemps !
Certains revinrent mais beaucoup périrent dans ces enfers
Et ne revirent de leur village, près de l’église, que le cimetière.

1939, et soudain, une nouvelle guerre a éclaté
après qu’un désir de revanche les ait pendant longtemps taraudés.
Certains ont sympathisé avec l’ennemi qui occupait la France
avant que d’autres plus courageux décident d’entrer en résistance,
Et ils furent à nouveau tous obligés de partir à la guerre
laissant derrière eux, femmes, et leurs terres
Patrie, drapeau, hymne national, c’était toute leur énergie
Qui la nuit, leur donnait le courage de tenir sous les tirs ennemis.
À nous le souvenir, à eux l’immortalité
Indochine, Algérie,
Pourquoi fallut-il essayer de convaincre nos amis
que sans la France, l’avenir de leurs enfants était compromis,
que sans la France leurs merveilleux pays courraient au dérapage
d’une culture et d’une société qui n’étaient que mirages ?
Alors, dans ces pays amis
sont nés de très nombreux ennemis
de très nombreux ennemis bien organisés
qui voulaient se libérer du joug de colonisés.
L’Indochine abandonnée, l’Algérie abandonnée,
après de sanglants affrontements, il fallut s’y résigner,
emmenant avec nous de nombreux combattants amis
et d’autres qui durent oublier tout ce qui avait été leur vie.
Ce matin, je suis seul au cimetière en ce jour de Toussaint
où un timide soleil ajoute au mystère de cet écrin
de toutes ces tombes où survivent des sous-terriens
partis, jamais revenus mais qui n’avaient peur de rien.
À nous le souvenir, à eux l’immortalité

Mélancolie…

"Douce France, Cher pays de mon enfance"…
Ces paroles du poète ont bercé ma jeunesse
Où après un long temps parsemé de tristesse
Notre pays avait retrouvé sa confiance


Ce temps de paix faisait suite à un temps de guerre
Où chacun avait dû endurer son lot de misères
Et les peuples avaient enfin réussi à fraterniser
En faisant le serment de ne jamais recommencer !


Puis, le terrorisme a germé et s’est installé
Réussissant à convaincre nos fils aînés
Qu’il fallait qu’ils partent en croisade
Avec leurs compagnes, pour faire le djihad


Douce France, pourquoi nous as-tu imposé le Bataclan ?
Où tu as encore perdu bon nombre de tes enfants
Les terroristes se sont mis à parcourir le monde
Etalant au grand jour leurs mentalités immondes


Ne les laisse pas professer que seule la mort vaut d’être vécue
Ne les laisse pas professer que leur attitude est pleine de vertu
Et lorsqu’ils viendront te supplier à genoux de rentrer au pays
Sois généreuse, Douce France, mais exige qu’ils soient repentis


Et voilà maintenant qu’au moment des cerisiers en fleurs
Tu nous imposes par du coronavirus, une guerre biologique
Lavage des mains, masque, distanciation sont de rigueur
Sans que nous percevions la fin de ces mesures drastiques


Quand reverrons-nous nos enfants et petits-enfants ?
Quand annonceras-tu la fin du confinement ?
Pour qu’alors, nous marchions dans la rue, librement
Mon Dieu, des cerises, qu’il était bon le temps !



Courage…

Courage, Camarade, il reviendra le temps des cerises
Où, mélancolique, tu entendras le merle chanteur
Et, victorieux, retrouveras les conditions exquises
Pour profiter enfin de quelques moments de bonheur.


Ils nous l’avaient dit « ne faîtes pas marche arrière ! »
Ce n’est pas une guerre chimique
Tout au plus une guerre biologique
Qui ne fera pas plus de morts que la grippe saisonnière !


« Où sont les masques ? » criait depuis son bunker, le Président
Qui, malencontreusement dut changer de Ministre de la Santé
Car elle ne supportait plus, depuis longtemps, la vue du sang
Et dut se résoudre à la remplacer par un jeune gars très engagé…


Véran, ça rime avec confinement,
Salomon, ça rime avec constatations,
Philippe, ça rime avec grippe,
Blanquer, ça rime avec imaginaire,
Président, ça rime avec déconfinement.


Alors, Camarade, maintenant, il faut montrer ton courage
Les virus sont prêts, ils sont tous là, ils t’attendent au virage
Sois très raisonnable, masque et distanciation toujours
Pour ne jamais, jamais, postillonner et être pris de court !



Souvenirs d’un jardin sur une île

La première fois, ce fut par un temps merveilleux ;
La deuxième fois, ce fut sous un soleil radieux,
Que de Paimpol, après un embarquement facile,
Nous avions découvert ce jardin sur une île.


Bruyère et marjolaine se partageaient les couleurs,
Laissant aux troènes la responsabilité des odeurs.
Sur un chemin de mousse, nous nous étions égayés,
Pour finalement, au soir, regarder la rentrée des goémoniers.


Sautant de rocher en rocher, nous étions descendus sur la grève
Où malgré le bruit des vagues et la remontée des flots,
Nous avions passé, blottis l’un contre l’autre, une nuit de rêve
Avant d’être réveillés par les rayons d’un doux soleil chaud …


Oh ! Bréhat, île au très beau jardin propice à l’amour
Tu offres à ceux qui veulent découvrir tes contours
Des souvenirs d’abandon et de rêverie vivaces
Que pas même le retour sur le continent n’efface.



À la conquête de sa Mère

Sur cette plage immense d’où les flots s’étaient retirés,
Elle leur donnait la main, à tous les deux, sans préférence.
Et puis, le temps a passé :
• Et pour l’un d’eux s’est installée la différence,
• Tandis que l’autre ne cessait d’être admiré.


Et puis, le temps a passé :
• Et dans la Vie, la vraie Vie, les deux frères sont rentrés.
• Le Père ordonnait au petit blond" Fais comme ton Frère !"
• le Frère, devenu grand, était toujours vanté par la Mère
• Et le frère du Frère devenu grand, toujours ignoré.


Ignoré, ignoré au point que les deux frères se sont fâchés.


• Fâchés au point qu’ils ne voulaient plus se rencontrer,
• Jusqu’au jour où ils ont été forcés ; leur Mère était décédée.
• Le vieux brun, très surpris de ne pas être le seul à l’aimer
• regardait le vieux blond qui se donnait le droit de pleurer.


Et puis le temps a passé :


• Et le brun et le blond n’ont jamais pu se réconcilier.
• Le blond pensait qu’à la conquête de sa Mère, il avait échoué
• Et le brun regrettait de ne plus pouvoir être adulé
• Par cette Mère qui, n’avait pas su se partager.


• Et puis, et puis, le temps a passé :
• Un jour, les deux frères se sont rencontrés,
• Un jour, par hasard, au coin d’une rue
• Et ont décidé de rattraper le temps perdu.



Les monologues du portable

On m’appelle très communément "mobile" ou "portable"
Mais mon vrai nom est en réalité "unicellulaire" ;
Je vis le plus souvent au plus profond d’un cartable
Ou dans la poche de la veste de mon propriétaire ….


Susceptible, à tout utilisateur, je dis "code pin ?".
S’il ne le connaît pas, je le traite de resquilleur
Et lui fais savoir qu’avec moi, ce n’est pas copain/ copine
Et qu’il n’a qu’à aller jouer du combiné ailleurs ….


Ma vie est très mouvementée et rarement monotone ;
Variables selon les saisons du printemps à l’automne
Les voyages que j’entreprends souvent m’étonnent
Et se terminent parfois très tard, avec de drôles de personnes ….


J’ai été quelques temps, c’est vrai, au service d’un célibataire
Qui m’avait préféré à tous mes coreligionnaires ;
Du matin au soir, il le faisait assez savoir
Qu’il n’y avait qu’un « Samsung » que l’on devait avoir !...


Mais, notre entente n’a pas longtemps duré
Et c’est vers un « Wiko » qu’un jour, il s’est tourné ;
Alors catalogué de mobile d’occasion,
Je me suis retrouvé chez une propriétaire dotée, elle, de beaucoup de raison ….


Ce que je voudrais vous raconter,
C’est ce que j’entends tout au long d’une journée
Et qui peut se prolonger bien tard,
Pour peu que ma patronne ait un peu le cafard ….


Cet été, vers la Bretagne nous nous sommes élargis
Pour profiter du bon air et des landes fleuries,
Mais à la plage, je n’ai pas eu le droit d’aller,
Pour cause de sable, susceptible de m’enrouer ….


Alors, dans la chambre où, j’étais consigné,
Inlassablement les messages j’ai enregistrés,
D’un Roméo du quinzième, qui désespéré,
Ne cessait de geindre et de la supplier….


Au retour à Paris, ils ont tout de suite pris rendez-vous
Et comme elle avait oublié de me couper,
J’ai été témoin d’un amour et de serments fous
Qui m’ont conduit à penser qu’en mariage il allait la demander…


Puis, à l’été, l’automne a succédé,
Avec la Toussaint et son cimetière glacé
Pour lequel, des fleurs il a fallu réserver :
"Hortensia, géranium ?, non azalée …."


Le temps a passé et lorsqu’à Noël, nous sommes arrivés,
De fiançailles, il a été question,
Après que de très nombreuses fois, le soir, il l’ait appelée
Pour lui faire perdre la tête et partager ses ambitions ….


Au printemps, crocus et primevères dans la pelouse ont fleuri
Et à l’attraction de la nature, ils n’ont pas pu résister.
A Pâques, tout a été décidé, fiançailles, né nie,
Mais mariage à la fin juin pour pouvoir profiter de l’été ….


Alors, vers les invitations, il a fallu se ruer
Et, c’est là, que mon "menu- répertoire" a été sollicité.
De la tante Joséphine au cousin Louis, tout le monde a été invité
Et c’est bien souvent sur ma "messagerie-vocale" que la réponse fut déposée ….


Mais, depuis qu’ils se sont mariés, je n’entends plus d’aussi jolies choses.
Lorsque très pris par son travail, il n’est pas encore rentré, je la sens toute morose
Et son visage, délivré de l’angoisse, ne retrouve le sourire,
Que lorsque ma sonnerie "salsa" se met à retentir ….


"Tu es où ?", dit-elle, mi-inquiète, mi-secrète ;
"Je t’attends pour dîner, fais vite, j’ai quelque chose à te dire ;
Non, pas maintenant, il ne faut pas que les murs le répètent,
Je crois qu’il y a un bébé qui demande à venir" ….


Dans l’émotion de la nouvelle, je ne me sens plus de taille,
Que vais-je devenir au milieu de toute une marmaille ?,
Qui sans doute voudra apprendre à me manipuler
Avant que de me mettre au rang des objets trouvés ….


Mon dernier service rendu, je le voulais utile à ma patronne,
Qui a toujours eu à mon égard, c’est vrai, une attitude très bonne ….
"Allô, Allô, l’Hôtel Dieu, la clinique d’accouchement,
Nous arrivons très vite, je crois que c’est le moment ! "


Et voilà, toujours au service du client, je me suis acquitté de ma tâche,
Mais même, lorsque l’on a un corps unicellulaire, on s’attache ;
Que va-t-elle devenir ma belle patronne, après ce comte de fées ?
Je ne le saurai sans doute jamais, même si, en se quittant, elle a promis de me … téléphoner.



Moi et mon Exatime

Je me suis retrouvé sur le bureau de mon propriétaire,
Après que femmes et enfants lui aient souhaité son anniversaire ;
Sa fille aînée avait été me chercher à la librairie Joseph Gibert,
Sur le rayon, vous savez, celui qui est au-dessus des fournitures scolaires.


Le lundi à 09h00, le téléphone a sonné ….,
Mercredi, jeudi, c’est comme vous voulez ….,
À 09h30, jeudi, c’est marqué ….,
C’est marqué, comme ça, je ne peux pas oublier.


Après une année qu’il qualifia de faisabilité,
Il a demandé à sa Secrétaire de me renouveler,
Car argumenta-t-il, sans que ce soit négociable,
Moi et mon Exatime, nous sommes inséparables.


Alors, elle a couru à nouveau chez le libraire,
En disant très fort, c’est le 18272 E qu’il préfère,
Mon patron ne peut plus se séparer de lui,
Ils sont devenus vraiment deux très grands amis ….


Un mardi soir, c’est d’escapade dont il est question,
Semaine 24 ou semaine 25, pour aller en Avignon ?
Comment ? En voiture, en train, oui oui, en avion,
Ecoute, je crois que c’est le week end de la semaine 25 que nous retenons !


Le téléphone sonne : peux-tu faire un golf un de ces jours ?
Attends, je regarde ! Pourquoi pas ; demain, voyons, je suis à Tours,
Mais, vendredi, si tu veux, entre midi et deux,
A condition, pour aller plus vite, que nous soyons que tous les deux.


Ainsi va la complicité, entre mon Exatime et moi.
Il m’apporte confiance, sérénité, exactitude,
M’évite chaque jour bien des effrois,
Et me permet de faire face avec certitude.



Noces de porcelaine

Oh ! Porcelaine fragile,
De Limoges tu nous viens
Pour fêter leur idylle
Prometteuse de lendemains.


20 ans déjà qu’en ces mêmes "Trois Curés"
Après l’Eglise de Landunvez, ils se sont mariés.
C’était un 31 août, une date obligée
Qui ignorait tout des grandes marées


En 20 ans, que de choses ils ont réalisées,
Six bébés presque déjà tous débrouillés,
Une maison parfaitement rénovée, dotée
D’un grand jardin parfois à défricher !


Alors, que leur reste-t-il à faire pour les prochaines années ?
La première chose à n’en point douter, s’aimer !
S’aimer, au point de ne jamais se quitter,
Pour que dans 20 ans, nous puissions encore les fêter !



Le DVD

La Jalousie dit que de l’Artiste, je ne suis finalement que le compagnon,
La Calomnie ; l’impresario zélé qui se montre régulièrement dans les Salons,
L’ Humour ; le sherpa musclé qui transporte les tableaux et assure la manutention …
Mais, l’Amour, l’Amour dit que de l’Artiste je suis dynamisme et source
d’inspiration !