Je rentre heureux et rajeuni des Sables d’Olonne Tel le Deo Juvante du plateau de Rochebonne, La tête remplie et débordant de souvenirs à foison Comme un chalutier, sa glacière remplie de poissons.
Je sonne à une porte bleue, 7 quai Dingler. Une dame apparaît, souriante et bien vêtue Nous nous embrassons sans faire de manière Lydie, soixante ans, que je ne l’ai pas revue.
Pourquoi, avoir attendu autant de temps ? Me dit-elle sur un ton qui traduit son émotion. Les choses de la vie, je lui réponds, affectueusement Car, à évoquer, je n’ai vraiment pas d’autres raisons.
Été 1961, Maurice accepte de m’embarquer à bord 15 jours sans voir la terre, avec de l’eau à tribord et chaque matin au réveil avec de l’eau à babord sans que je ne sache vraiment quel temps il fait dehors.
Remontée du chalut, noué ouvert sur le pont l’équipage s’active chacun au triage du poisson glacière à l’avant, bannettes à l’intérieur, canot’ à l’arrière et ronron lancinant du moteur.
Et puis, la campagne se termine, nous rentrons. Cap Nord-Est/demi Nord ordonne le Patron Dans trois heures, nous serons au port Patience les gars, il y a encore du boulot à bord !
Soixante ans, un embarquement long et difficile Qui a vu Maurice lutter contre les éléments. Mais le courage lui a encore été très utile Lorsque la maladie en a décidé autrement.
Lydie s’est faite belle, nous allons au cimetière de la Rénaie. Les cendres de Maurice y reposent, au pied d’un sapin Ces arbres qui fléchissent, plient mais ne se brisent jamais d’où il peut observer tous les matins la terre et la mer au loin.
Mon cheval est mon ami, mon compagnon, mon confident, Celui vers qui je vais, quand tout va mal et que plus personne ne m’écoute, Celui qui me conduit dans la lande bretonne sans que jamais je ne doute, Qu’il me ramènera aux « Ecuries du bout du Monde », fidèlement.
Lorsque le soir après une journée passée ensemble, je le conduis à l’écurie, C’est en boitillant, oreilles dressées, larmes plein les yeux qu’il hennit, Et au moment où je referme la porte de son box, délicatement, avec tristesse, Je perçois qu’il me dit, dans son jargon de Cheval ; ″à demain, Princesse !!″
Pourquoi es-tu partie sans venir nous dire au-revoir ? Pourquoi es-tu partie sans nous parler de ton désespoir ? Nous n’avons pas su voir la maladie qui te rongeait, Nous n’avons pas su t’apporter le soutien qui te manquait.
Depuis, tu sais, les pinceaux du peintre sont au fond de l’abîme Et le temps n’en finit pas de lutter contre leur inspiration ; Depuis, tu sais, le stylo vide du poète ne veut plus faire de rimes, Il a rejoint la boîte, au milieu de tous les autres crayons.
Depuis que leur petite fille est partie, Loin, très loin, ils ne savent pas où, Tous les matins, la Peintre et le Poète se lèvent et attendent meurtris Que chaque minute d’un lendemain leur ramène ce sourire si doux.
Elle était partie, enveloppée par les brumes froides d’un hiver sans fin Quand, tout à coup, au printemps, dans le soleil chaud d’un beau matin, A la porte, on a toqué. C’était Mathilde qui avait décidé de rentrer.
Dame maladie l’avait longtemps gardée mais avait accepté de la libérer…
Alors, avec le ciel bleu, la Vie a retrouvé son cours normal ; Avec le soleil et les fleurs, les oiseaux se sont remis à chanter. En entendant leur chant, les pinceaux se sont remis à composer Et, de virgule en virgule, le stylo ne peut plus s’arrêter.
C’est curieux cette Vie qui vous sort du grand trou noir Dans lequel elle vous a plongé, rongé de désespoir, Et soudain, vous autorise à nouveau à être heureux En rendant celui qui vous manquait…l’un d’entre eux.
Gabriel est très exactement à la peinture, Ce que Guy de Maupassant était à l’écriture ; Très jeune de sa main gauche, il s’y est exercé, Pour plus tard, d’une main sure y exceller.
Quand je serai grand, je serai "chemin de fer" Disait le petit garçon, à sa grand- mère Qui, tous les jours, l’amenait se promener Là, où l’on pouvait voir passer les TGV.
Mais "chemin de fer", ce n’est pas un métier Répondit la grand-mère à son petit Martin Qui à chaque fois qu’il apercevait un train Agitait avec ardeur et joie son canotier.
Alors, si je ne peux pas être "chemin de fer", Je serai conducteur de TGV, dit-il très assuré Comme ça, tu pourras aller loin te promener Ou faire, à grande vitesse le tour de la terre.
Et tous les jours, Martin alla voir les TGV Qui, par sa grand-mère accompagné Lui permettaient de rêver à de lointaines contrées Qu’il ne vit jamais, car la ligne fut supprimée.
Assas, Assas, mais qui est donc cette jeune fille aux cheveux bouclés blonds Qui, deux rangs devant moi, déballe tous les matins, papiers et crayons ? Benjamin, Benjamin, si tu veux l’aborder pour motif de séduction, Je te conseille de le faire avec infiniment, infiniment de précaution ….
"Elle vient de Dijon !!"
Montereau, Montereau, pourquoi cherches-tu à m’éloigner de ma "petite Marie" En me faisant croire que ma nouvelle compagne pourrait être la PJ ? La semaine est bien longue et je vais rentrer rapidement à Gergovie Pour Marie, Marie, en m’exaltant, te parler du Père Mareschi ….
"Patientons, mon Chéri !!"
Venise, Venise, que tes gondoles sont propices à se déclarer ! Marie, Marie, voudrais-tu bien m’épouser, moi, ton Policier ? Benjamin, Benjamin, foi de Juge, voilà une décision pleine de difficultés, Et raisonnablement, au préalable, je crois qu’il faut nous fiancer ….
"Oui, ma Bien Aimée !!"